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Eat the Road
9 juin 2015

A Vélo

 

Croagh Patrick, le défi

 

   Arrivée en Irlande depuis 10 jours, et n'ayant jusqu'alors profité que de la pluie et des moutons, je me mets en tête d'aller grimper Croagh Patrick, ce mont dont tout le monde ne cesse de parler m'intrigue énormèment et je veux profiter de ma première journée de congé où il fait beau pour y aller.
   N'ayant pas de voiture et résidant dans le trou le plus paumé du Connemara, je décide d'aller au café prendre un vélo, ben oui, c'est pratique, c'est gratuit pour le staff, et puis ça me fera faire du sport aussi c'est bien!
   Je demande donc à Chris un vélo, il me demande où je compte à aller, alors je lui dis (même pas peur), "i want to climb Croagh Patrick", bah oui quoi Chris, me regarde pas comme ça, il fait super beau, j'ai envie d'en profiter. Je vois à sa tête que ça va pas être une mince affaire. Il me demande si je suis au courant que le début de la balade est à 33km d'ici... et bien non, "mais j'ai vraiment envie de le faire", je me dis que tout est dans la tête, le plus important dans ce genre de défi étant la volonté. Chris me précise que ça fait "66km aller retour!!" au cas où je sois vraiment nulle en calcul mental, ou peut être juste pour bien me faire comprendre que ça ne va pas être facile. Heureusement, ma p'tite Clara qui suit la scène me remonte le moral en disant "elle peut le faire, je sais qu'elle peut le faire"...et sur le coup, je dois avouer que ça m'a aidé, je ne veux pas briser l'innocence de cette jeune demoiselle de 19 ans, elle y croit, je le ferais!!

   Me voilà partie sur mon vélo, direction Croagh Patrick, ah oui ça fait bizarre cette impression, combien de temps que je ne suis pas monté sur un vélo déjà? Deux ans....c'est pas grave ça va aller. C'est quoi mon passé de cycliste au fait? 6 mois de vélo, saison printemps/été, Grenoble city, bien connu pour ses pics et ses montées à 1cm de denivelé!
   La volonté...
   Eeeeh mais qu'est ce que c'est que cette montée? Au 1er km de mon supposé itinéraire de 66km, j'ai déjà dû perdre 1L de sueur, je suffoque à n'en plus pouvoir, mon cerveau me passe en boucle cet air que l'on a tous déjà entendu dans ce genre de situation "maisquelleidéedemerde maisquelleidéedemerde..", je crois que je comprend à ce moment que Croagh Patrick, ça ne sera pas pour aujourd'hui. Je continue quand même jusqu'au lac, histoire d'avoir un point de vue et de "profiter" de ma belle journée ensoleillée (disons que la notion de plaisir à cet instant T était légèrement différente de celle à laquelle je m'attendais).

 

 

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   Je rentre, un peu honteuse de n'avoir effectué que 6 ou 7 km, c'est pas grave... je me dis que j'irais plus loin la prochaine fois.


   Reposée et remotivée, j'attrape mon vélo pour un deuxième essai. l'objectif  du jour n'étant pas cette fois d'atteindre Croagh Patrick, mais de m'entraîner pour réaliser ce challenge avant de quitter le Connemara.
   Direction opposée, Leenane. 24km aller retour. L'opportunité de faire des courses, prendre un repas, ou une pinte de guiness et tout abandonner (au pire!) à mi chemin. Bruno m'a aussi parlé des cascades à 30 min de marche "rapide" sur cette même route. je me dis que je peux dèjà aller voir ça et on verra. J'ai plutôt bien retenue la leçon de la dernière fois. La début de mon itinéraire se passe sans encombre, je commence même à apprecier le vélo, cette petite brise, c'est vrai qu'on profite plus des paysages, jusqu'à la première montée, où je commence à me détester d'avoir des idées aussi stupides et m'infliger tant de souffrance pour un objectif que je n'atteindrais visiblement jamais. Je m'arrête pour observer le fjiord, boire 1L d'eau, manger je ne sais combien sucreries et reprendre mon souffle. Cette fois, j'arrive quand même à oublier la souffrance endurée pour profiter de cette jolie vue et le calme absolu.
  
Je reprend la route, et arrive enfin aux cascades (après 30 min de vélo), désespoir total : soit Bruno marche très vite, soit je pédale vraiment doucement. Le panneau Leenane 3km me rassure. L'arrivée à Leenane m'émoustille, l'odeur de la mer, la vue, le fait de m'autoriser à finir toute la nourriture dont je dispose. Non vraiment, je commence à aimer le vélo. Le retour est pas facile, surtout que mon cerveau a beaucoup plus de mal avec l'idée de revenir que de partir. Mais je l'ai fait et cette fois je reviens avec un peu de fierté. 

 

 

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   Finalement, le vélo devient une véritable obsession, mes yeux s'ouvrent avant que mon réveil ne sonne tous les matins et mon cerveau m'ordonne d'aller pédaler. Ca y est, c'est devenu un besoin, une drogue.

 

   Mon prochain objectif étant de ramener des courses, 3 semaines en Irlande, j'ai pas encore fait de courses, et j'en ai marre des pâtes bolo de l'hôtel, deux choix s'offrent à moi : Leenane que j'ai déjà effectué, ou Louisburgh à 19 km. Le temps menaçant me fait choisir la solution la plus raisonnable, ce sera facile, je l'ais déjà fait. L'aller se passe plutôt bien, je me surprend à ne pas transpirer lors de la première montée, et pense même être devenue une redoutable cycliste. Je fais mes courses, bourre mon sac à dos et pas qu'un peu car je me suis mis en tête de faire le tour de l'Irlande en vélo, alors il faudra bien que je m'habitue à rouler avec du poid.
   Si l'aller, à majorité en descente avec le vent dans le dos et le sac à dos vide s'est bien passé, autant vous dire qu'il en a été tout autrement pour le retour.  Moi qui m'étais fait la réflexion quelques jours plus tôt que l'Irlande et le vélo m'avaient fait changer d'avis quant à la pluie et le vent, et c'est vrai qu'une petite pluie fine ou une légère brise quand tu suffoques sur un vélo c'est cool, mais là les rafales de vent à 60km/h dans la gueule en pleine montée m'ont bien fait maudire l'Irlande. Et quand je pensais être au bout de ma vie, criant sur mon vélo "CE N'EST PAS PO-SSIBLE", l'Irlande a dû penser qu'il était bon de m'offrir une magnifique averse sur la gueule!!  [Note à moi-même : éviter de mettre un jean quand tu pédales, espèce de grosse débile!] Du coup impossible de rouler je n'y vois rien, absolument aucun endroit pour m'abriter, je continue ma route à pied, poussant mon vélo, complétement à bout de nerfs. Finalement, je croise cette irlandaise qui marche sous ce déluge, je me demande bien ce qu'elle fait là, mais les quelques mots qu'on échange me redonnent le sourire et la force de finir ma route.

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   Et finalement...

   Et finalement, après un mois et demi de vélo à raison de 2 à 5 fois par semaine, je me sens capable d'effectuer mon défi et surtout mon jour de congé coïncide avec une journée ensoleillée et où le vent ne sera qu'à 25km/h. Je prend donc la décision de retenter l'expérience.
   10h du matin, mon sac bien rempli d'eau et de nourriture, je commence ma route. Jai bien pensé abandonner pendant l'ensemble des 10 premiers km. Heureusement l'arrivée pour la première fois à vélo dans Louisburgh me donne un pep's d'enfer, quelques km plus tard, je le vois ce satané mont, je rigole car le sommet est complétement dans la brume, 'je ne peux pas y aller" m'exprime-je à moi même "mais je vais le faire quand même!!!". La route jusqu'à Croagh Patrick est absolument sublime, et mon état d'excitation ne cesse de décupler à l'arrivée au parking de la rando.

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   Pas le temps de faire une pause, je n'ais pas de temps à perdre. Je fais quand même la causette avec un couple irlandais, qui me conseille de faire fortement attention, le sentier n'est pas pratique, et s'assure que j'ai un portable au cas où je me tordrais la cheville. 6km pour 760m de dénielé, c'est parti!
   Toute ma montée aura été boosté par l'idée du perfect burger que je m'autoriserais à manger à la fin de la journée, à mi chemin je m'extasie devant la vue, cette dame qui lit son livre, ces enfants qui grimpent sans trop broncher et cette espèce de petit lac autour duquel des prénoms sont représentés à l'aide de petits cailloux blancs. 

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Mon arrivée au sommet à été brève, effectivement on ne voit rien, à part la chapelle. J'engloutis quelques pates, mais pas trop, j'ai en tête de me faire un bon burger en bas du mont. J'en ai, a priori, besoin, car je commence à prendre des photos de caillou sous pretexte qu'ils "ressemblent trop" à un morceau de porc belly, ou de parmesan...

 

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    La descente se passe, bien que mes genoux me fassent horriblement souffrir, quand je pense que ce lieu de pélerinage est gravis selon la tradition pieds nus, je me dis que les gens sont fous. Le temps se couvre, moi qui pensait rentrer facilement, je sens le courage m'abandonner. Arrivée en bas, le vent aura poussé la brume hors du sommet, "c'est vraiment pas juste". J'ai besoin de réconfort, frites, mayo, burger, un truc gras...Mais la peur de voir le temps se dégrader me raisonne, j'ai tout de même 33km de vélo à faire pour rentrer. Donc je reprend directement mon vélo. Un peu de vent, mais ça va, j'ai quand même beau temps et ne pense pas avoir de pluie. j'en suis presque déçue, ça va être trop facile (euh...oui sous-alimentée, je pense avoir été un peu désorientée, une envie de vivre l'extrême je suppose.). Finalement, je n'aurais pas eu besoin de pluie pour bien en chier, tous les panneaux indiquant mon nombre de km restant me donne envie de pleurer. Mon seul réconfort aura été la vue de la sheep farm, 10km de l'arrivée, c'est bon je suis chez moi!

   A la vue du lac, je me revois le premier jour, où je n'étais même pas allée à mi chemin du lac. Le plaisir est alors revenu, je suis bientôt arrivée. Un des meilleur moment aura été de l'annoncer à Angel, trop drôle de voir ce monstre de vélo sauter du canapé pour me prendre dans ses bras et me féliciter. J'aurais bien aimé pouvoir prendre une douche avant mais qu'importe!
  
  

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Commentaires
C
j'adore cet article je ne sais pas pourquoi mais il me rempli de joie!
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